Ca me serait égal d'être un pion, pourvu que je puisse prendre part au jeu

Feat Curt WALTON

Voilà quelques semaines que le History's Coffee-Library a ouvert ses portes et que je rencontre de nouvelles têtes chaque jour. Certains clients commencent même à devenir des réguliers et j'en suis heureuse. Malheureusement pour moi, l'un de mes "réguliers" est un client qui se croit un peu tout permis et qui est le seul à être présent cet après-midi...

Plongée dans ma lecture derrière le comptoir, j'en suis tirée par le bruit des livres qui tombent au sol. Je sursaute, tout comme Diego, qui était paisiblement endormi à mes pieds. Je lui caresse la tête et le rassure que ce n'est rien, puis je tourne mon regard vers mon client. Je le vois ramasser ses livres avec un sourire en coin puis se redresser, un peu trop violemment. Il se mange le coin de la table et la petite diablesse en moi crie intérieurement : "bien fait !". Le petit ange lui, estime que bien qu'il se comporte comme un débile depuis qu'il a mis les pieds dans mon établissement, il est le client et que je me dois donc de rester courtoise et à son service. J'attrape une petite trousse derrière mon comptoir puis me dirige vers lui.

Tenez, c'est pour désinfecter votre plaie.

Dis-je en lui tendant la trousse renfermant du désinfectant et des pansements.

Ca me serait égal d'être un pion, pourvu que je puisse prendre part au jeu

Feat Curt WALTON

Je regarde mon client et constate que sa plaie saigne beaucoup. Il ne s'est pas loupé en se prenant le coin de la table. Mais bon, il l'a bien cherché non ? Il fait tout pour se rendre intéressant depuis qu'il a mis les pieds ici, il y a quelques semaines de ça. Je lui donne tout de même la trousse de soins afin qu'il puisse soigner cette vilaine plaie. Il me remercie puis quitte sa table pour se rendre aux toilettes. Mais à peine est-il debout qu'il titube à moitié et se vautre au sol à côté d'une table. Je viens immédiatement à ses côtés, craignant qu'il ait un malaise.

Est-ce que ça va ?

Mon client semble aller bien mais quelque chose cloche et je ne sais pas quoi. S'est-il fortement cogné la tête ou joue-t-il la comédie ? Impossible de savoir... Il tente de nettoyer sa blessure tout seul mais sans miroir, il ne voit pas ce qu'il fait et met du sang partout. Et il m'en met partout sur les tables aussi au passage !

Laissez-moi faire, vous êtes en train de vous mettre du sang partout.

Ca me serait égal d'être un pion, pourvu que je puisse prendre part au jeu

Feat Curt WALTON

En voyant mon client à terre, je me précipite à ses côtés pour lui demander si tout va bien. Il semble mal en point, il est pâle en plus de saigner plutôt abondamment. Je suis à deux doigts de lui demander si il veut que j'appelle un médecin mais mon client me révèle ne pas supporter la vue du sang.

Ah, je vois... Je me retiens de rire mais un sourire amusé se dessine sur mes lèvres. Ça va aller, votre plaie n'est pas bien méchante. Ça saigne parce que c'est une zone très sensible et riche en petits vaisseaux sanguins.

J'ai eu l'occasion de lire un roman dont l'histoire se concentrait sur un médecin qui aimait bien décrire plein de détails de ce genre. Je prends ce qu'il faut dans la trousse de soins pour soigner mon client. Je ne lui demande pas vraiment son avis, il est en train d'en mettre partout et vu qu'il ne supporte pas la vue du sang, mieux vaut que je m'en occupe. Tandis que je désinfecte son front, il me promet qu'il va tout nettoyer et confesse savoir qu'il m'exaspère.

Ne vous occupez pas de ça, c'est mon travail. Dis-je en finissant de désinfecter son front. La porte de mon établissement est et sera toujours ouverte pour qui souhaite y entrer. Mais oui c'est vrai que parfois l'envie me prend de vous flanquer à la porte.

Ca me serait égal d'être un pion, pourvu que je puisse prendre part au jeu

Feat Curt WALTON

C'est vrai que vous le méritez. Mais ce n'est pas mon genre de me moquer du malheur des autres.

Même si on est bien d'accord qu'il l'a totalement mérité ! Mon client ajoute qu'il a même peut-être perdu un ou deux neurones au passage et je souris, amusée par ses propos, mais je ne dis rien. Il est peut-être enquiquinant comme client, mais il a le mérite d'être un homme honnête.

Pourtant c'est déjà ce qu'on faisait. Boire un café ensemble.

Je lui montre sa tasse sur la table qu'il occupait ainsi que la mienne sur le comptoir. Il ne s'est certainement pas aperçu tout à l'heure que nous buvions un café en même temps, seuls dans la pièce. Il me dit qu'il préfère les claques plutôt qu'être mis à la porte, puis ajoute que cela aurait été un honneur d'être mis à la porte par une très jolie jeune femme. Sans que je contrôle quoi que ce soit, je rougis légèrement. J'ai toujours été sensible à ce genre de compliment, rougissant très facilement.

C'est pour cette raison que vous agissez comme ça depuis que vous avez passé la porte de mon établissement ? Pour pouvoir être mis à la porte par une jolie blonde ? Il suffisait de le dire, j'aurai exaucé votre souhait tout de suite.

Je souris légèrement. Sa plaie complètement désinfectée, je sors un pansement pour le lui mettre sur le front.

Comment vous appelez-vous ?

Ca me serait égal d'être un pion, pourvu que je puisse prendre part au jeu

Feat Curt WALTON

Mon client se dévoile peu à peu. Il m'avoue ne pas être méchant et simplement un peu con. A ses paroles, un sourire amusé se dévoile sur mes lèvres mais je ne réponds pas à cette affirmation. Je n'ai pas à juger quelqu'un que je ne connais pas, d'autant que j'ai bien compris qu'il faisait ça pour attirer mon attention.

Il suffisait de regarder un peu autour de vous, vous auriez vu que nous étions seuls et que je vous accompagnais avec un café.

J'ai joué sur les mots en lui disant que nous prenions un café ensemble pour lui montrer que moi aussi, je suis joueuse. Mon client lui, est surtout fier de dire qu'il a bien fait de se blesser pour que je le soigne. J'arque un sourcil en le regardant, soupçonneuse.

Ce que vous me dites pourrait presque me faire penser que vous avez fait exprès de vous blesser. Mais quand je vois comment vous avez réagit à la vue du sang, je me dis que vous avez été pris à votre propre jeu.

Je rigole légèrement, car penser à la situation est très drôle quand on y pense. Je lui met un pansement tout en lui demandant comment il s'appelle. Mon client s'appelle Curt. Je peux enfin mettre un prénom sur un visage familier.

Je m'appelle Joy. Dis-je avec un léger sourire avant de me redresser, remballant ma trousse de soins. Désirez-vous que je vous resserve un café, Curt ?

Ca me serait égal d'être un pion, pourvu que je puisse prendre part au jeu

Feat Curt WALTON

La prochaine fois, faites attention aux détails et invitez-moi à me joindre à votre table si vous souhaitez de la compagnie.

Dis-je avec un sourire. Si j'ai ouvert ce café-librairie, c'est bien pour pouvoir échanger avec des gens désireux de boire un café tout en discutant de tout et de rien. J'aime avoir du contact avec des hommes et des femmes de tous horizons.

C'est bien ce qui me semblait. Je ris légèrement à sa confession comme quoi il n'a pas fait exprès de se blesser. Ca va, vous n'avez pas trop mal à la tête ? Je peux vous donner du Doliprane aussi, si vous en ressentez le besoin.

Je lui ai déjà mis un pansement sur le front mais il est possible que le choc lui ait donné mal au crâne, c'est pourquoi je lui propose de prendre un médicament contre la douleur.

Oh... Merci. Je souris et rougis légèrement à ce petit compliment sur le café que je sers à mes clients. Je vous en prépare un tout de suite dans ce cas.

J'attrape la tasse vide de Curt puis retourne derrière mon comptoir pour mettre la machine à café en route. Je mets une nouvelle tasse dans la machine. Avec un sourire, Curt propose que l'on se tutoie, étant donné que nous sommes devenus plus "intimes" selon lui. D'abord surprise de ses propos, je finis par rire.

Oui enfin nous n'avons pas été si intimes, je ne vous ai pas vu nu à ce que je sache ! Je ris légèrement puis appuie sur le bouton de la machine pour mettre le café en route. Mais c'est d'accord pour le tutoiement.

Ca me serait égal d'être un pion, pourvu que je puisse prendre part au jeu

Feat Curt WALTON

Mon café-librairie est ouvert à tous ceux qui le souhaitent. Je ne ferme la porte à personne. Même aux clients les plus casse-pieds.

Dis-je avec un sourire amusé pour lui faire comprendre que je ne lui fermerai pas la porte de mon établissement malgré son comportement. Je savais à quoi je m'engageai en ouvrant un café, je savais que certains clients seraient plus pénibles que d'autres.

N'hésitez pas à me demander, j'ai tout ce qu'il faut.

J'ai une vraie petite pharmacie à proximité. Je préfère être trop prévoyante que pas assez. Curt me remercie avec un sourire, que je lui retourne. Je lui propose un second café, qu'il accepte volontiers. Je repars donc avec sa tasse de l'autre côté du comptoir pour le mettre en route.

Euh... Non, je ne préfère pas ! Je ris légèrement, bien qu'au fond de moi je panique à l'idée qu'il le fasse vraiment... Je compte sur vous pour rester habillé, je ne voudrais pas que vous fassiez fuir les futurs clients qui passeront cette porte.

Dis-je en accompagnant mes paroles d'un geste de la main en direction de la fameuse porte. La tasse remplie de café, je l'apporte à Curt, qui me remercie.

Santé ! Je lève une tasse également, m'étant moi aussi fait un café lorsque je préparai le sien. Comment avez-vous découvert mon établissement ? Vous en avez entendu parlé ou vous êtes tombé dessus par hasard en vous baladant ?